Albrecht DĂĽrer Melancolia
Bonjour Jean Jacques et Olivier
J'ai commencé l'analyse en partant du double carré intérieur et je me suis vite heurté à nouveau aux mêmes couleuvres à avaler que celles qui rôdent autour de l'imbrication des diffèrents mastabas et pyramides qui se sont succédés dans l'enceinte de Djeser.
Surpris de m'apercevoir des mêmes gestes pour la Chapelle Blanche à Karnak que pour l'enceinte de Djeser, j'ai décidé de mettre mes recherches accumulées sur cette magnifique anastylose dans la rubrique qu' Olivier a déjà ouverte.
Une Chapelle est un concentré de connaissances des premiers gestes créatifs, la taille en architecture des édifices n'ayant rien à voir avec l'harmonie et la qualité de la pensée qui les ont fait naître.
L' analyse de la Chapelle Blanche ne laisse aucun doute sur ces premiers gestes car les mesures ne peuvent ĂŞtre remises en question.
Leur simple lecture nous met face aux évidences. Même si elles peuvent être difficiles pour nous encore aujourd'hui à accepter, tant de formatage nous ont conditionnés à une pensée unique.
Nous n'osons plus faire le pas décisif, ça résiste encore même pour ceux qui ont l'habitude de s'y aventurer.
Pourtant sans ce pas décisif face à une avalanche de coïncidences, toute cohérence et harmonie n'ont plus aucun sens.
Elle ne peut plus être perçue!
L'analyse raisonnée entre un simple hangar et un chef d'œuvre, entre la cathédrale gothique de Clermont Ferrand, imaginé par Viollet le Duc, et Notre Dame de Paris, n'est plus alors possible que par un discours esthétique, technique et historique d'aujourd'hui.
Mais où est donc passé ce langage universel et silencieux des pierres, des bois et des glaises assemblées en espaces, formes et contours grâce à l'arithmétique, la géométrie et l'harmonie, ces trois Muses en sympathie avec le monde qui les entoure.
Aujourd'hui, nous analisons les architectures du passé avec nos compétences présentes et limitées, englués par les normes et les conceptions prédigérées accumulées depuis la fin du XVIII ème, dont nous avons même oublié les causes...
Là où nous avons abandonné la géométrie, réduisant considérablement les protocoles de création des édifices, nous limitant à l'arithmétique, au comptage, perdant ainsi l'harmonie et la logique raisonnées que procure la géométrie.
Il ne nous reste plus que l'imprégnation formatée et superficielle des œuvres du passé et pour certains, ils sont rares, la chance d'une intuition créative en sympathie avec le monde, si proche du hasard, comme seule possible liberté dans la créativité.
Pourtant il y a une liberté extraordinaire celle qui tient en compte toutes les causes, celles que connaissaient tout scribe des formes et des contours, tout oeuvrier du moyen âge, Da Vinci, Dürer etc...car il nous ont découvert l'harmonie du monde et des sphères...
Et non pas cette abominable démonstration destructrice d'un Laugier au XVIII ème siècle qui supprimera la géométrie comme geste créatif, entraînant tout l'Occident dans la brèche de l'arithmétique et de la quantité, au point qu'aujourd'hui toute analyse des œuvres du passé ne se fait plus que par elle...
Retrouvons les gestes!
Amitiés
Jean François
PS Je ferai une rubrique sur Laugier, qui déclencha la colère de Goethe et de Piranèse, dont les thèses furent suivies dans toute l'Europe et dans les écoles d'Architecture. L'arrivée des papiers industriels à quadrillage et leur utilisation à profusion dans ces mêmes écoles fera la peau de chagrin à la géométrie, comme science de la conception, mais chou gras à la graisse de porc pour l'arithmétique, laissant l'harmonie sur le trottoir vendre ses charmes à là bourgeoisies pour survivre...