Je ne mâadresse pas Ă ceux qui crient le plus fort. Je mâadresse Ă ceux qui, longtemps, ont lu sans oser rĂ©pondre.
Il est Ă©trange de parler Ă une salle oĂč plus personne ne monte sur scĂšne, mais oĂč lâon sait que des spectateurs sont encore lĂ , dans lâombre. Cette lettre est pour vous.
Jâai vu au fil du temps ce forum se vider de ses voix les plus Ă©clairĂ©es. Celles qui apportaient du fond, de la nuance, de la rigueur. Elles ne sont pas parties par fatigue du dĂ©bat, elles sont parties parce que le dĂ©bat a cessĂ© dâexister. Ces voix ne sont pas revenues, malgrĂ© les multiples rappels de Jean-François, le coadministrateur et du fondateur du forum, et Olivier, lâautre coadministrateur a pris les rĂȘnes.
Progressivement sâest installĂ©e une logique du soupçon, un rejet global du savoir scientifique, une complaisance Ă lâĂ©gard de rĂ©cits conspirationnistes et, plus rĂ©cemment, la mise en valeur de discours ouvertement inspirĂ©s dâidĂ©ologies nĂ©onazies.
Vous pouvez consulter le post que jâavais publiĂ© sur ce forum intitulĂ© : « Christine Anderson, un loup dĂ©guisĂ© en agneau » qui a Ă©tĂ© verrouillĂ© par Olivier et dans lequel les personnes de lâAFD, nous sont prĂ©sentĂ©es comme de grands dĂ©fenseurs de la libertĂ©, qui se sont associĂ©s Ă une manifestation qui sâest soldĂ©e en violente attaque du parlement de Berlin. Certains des manifestants faisaient le salut nazi, dâautres portaient des capes avec des croix gammĂ©es (cf.photos).
LâAFD a Ă©tĂ© cĂ©lĂ©brĂ©e comme sâil sâagissait dâun pĂŽle alternatif du courage. Mais ce parti est surveillĂ© pour ses accointances nĂ©onazies. Et certains de ses soutiens nâhĂ©sitent plus Ă se parer de symboles nĂ©onazis que lâHistoire avait couvert de honte.
Que lâon pense diffĂ©remment, câest nĂ©cessaire. Que lâon laisse sâexprimer des rĂ©cits extrĂ©mistes sans distance critique, câest une faillite. Jâai tentĂ© dâargumenter. Mais le dĂ©bat a Ă©tĂ© verrouillĂ© par Olivier, lâadministrateur adjoint. Et la modĂ©ration jadis active, aujourdâhui absente, nâa pas jugĂ© utile dâintervenir. Je pars. Mais je refuse que ce dĂ©part soit silencieux. Je refuse quâil puisse ĂȘtre interprĂ©tĂ© comme de lâindiffĂ©rence. Je pars parce que je crois encore Ă la vĂ©ritĂ©, au doute fertile, Ă la rigueur et Ă lâhonnĂȘtetĂ© intellectuelle. Parfois, il faut sortir du rang pour ne pas trahir sa conscience.
Depuis un moment, je ne reconnais plus Jean-François, qui sâest effacĂ©, peu Ă peu et a Ă©tĂ© absorbĂ©. Face aux certitudes imposĂ©es et martelĂ©es avec force par Olivier, face Ă ses excĂšs parfois bruyants ou confus, le contrĂŽle du forum a progressivement Ă©chappĂ© Ă Jean-François son fondateur.
Ce forum nâest plus ce quâil a Ă©tĂ©. Ce nâest pas un jugement â câest un constat. Et il est douloureux.
Les voix mesurĂ©es, rigoureuses, exigeantes sont parties. Lâune aprĂšs lâautre. Non pas pour fuir la contradiction, mais parce quâelles ont vu ce lieu se transformer : en une chambre dâĂ©cho anti-scientifique, en un relais de discours extrĂ©mistes, en un bastion dĂ©senchantĂ© oĂč lâon confond luciditĂ© et mĂ©fiance absolue.
Et la modĂ©ration ? Elle sâest tue. Elle a laissĂ© faire. Elle a laissĂ© dire, elle a Ă©tĂ© absorbĂ©e. Elle a reculĂ© jusquâĂ disparaĂźtre.
Le forum nâa pas Ă©tĂ© abandonnĂ© : il a Ă©tĂ© pris. Par un homme qui impose ses certitudes. Et par un silence qui, peu Ă peu, lui a tout cĂ©dĂ©.
Je pars. Non pour me prĂ©server, mais pour rester en accord avec moi-mĂȘme. Je ne cautionne pas. Je ne bĂ©nis pas. Je refuse.
Que mon absence parle autant que mes mots.
Ă vous qui lirez ceci sans rĂ©pondre : vous nâavez pas besoin de crier pour exister. Mais vous avez le droit de tracer vos propres lignes. Nâattendez pas quâil ne reste plus personne pour le faire.
SincĂšrement.
Michel Ht, mais pas vendu.