Femme, vache, détournement de l’écriture hiéroglyphique
Extrait de la littérature de Paheqamen , le 29 juillet 2018 à 13 :55 sur ddchampo :
Je vous ai épargné la littérature assez confuse de notre chimiste pour me concentrer sur le rapprochement qu’il met en exergue entre les 2 hiéroglyphes Hm.t, phonétiquement identiques mais sans aucune parenté.
Associer la femme et la vache, uniquement pour faire un « bon mot », est un détournement provocateur et de très mauvais goût. D’autant plus inacceptable que par ailleurs notre égyptophile n’ignore pas l’existence de déterminatifs, caractéristique inhérente à ce système ancien d’écriture hiéroglyphique qui accompagnait les mots pour éviter toute confusion.
Voici quelques éléments aidant les lecteurs à approcher l’écriture hiéroglyphique :
Le hiéroglyphe signifiant femme est-il identique à celui indiquant la vache ? La réponse est plus subtile contrairement à ce que nous propose notre chimiste auteur des Lettres égyptiennes.
Sans vouloir trop détailler, voici 2 hiéroglyphes, parmi bien d’autres, les plus couramment utilisés par les anciens Égyptiens pour désigner respectivement soit la femme, soit la vache :
hm.t + déterminatif muet représentant une femme assise
hm.t + déterminatif qui ne se prononçant pas et représentant un bovin, plus précisément ici une vache (le « t » indiquant le féminin). Ce « t » est absent lorsque ce même déterminatif est utilisé pour désigner un taureau.
Phonétiquement :
Le signe se prononce « hm », il représente un creuset destiné à recevoir la semence du mâle, il désigne dans ce cas l’appareil reproducteur de la femme ou celui de la vache.
Le signe hiéroglyphe « t » indique le féminin.
Dans l’écriture hiéroglyphique, seules les consonnes sont notées. Parfois, un même logogramme peut avoir plusieurs significations, ce qui peut entraîner des détournements.
Associer plus ou moins subtilement le sens des mots ayant la même phonétique pour faire un rapprochement, sans tenir compte du contexte est dans notre cas de figure particulièrement méprisant pour la femme. D’autant que l’on peut supposer, par exemple, que lors d’une conversation dans laquelle il est question de l’heure de la traite de Hm.t, l’Égyptien ne pouvait imaginer que dans ce cas l’on parlait de sa compagne. Par ailleurs on peut observer que dans la littérature de l’Ancienne Égypte, la femme égyptienne n’était pas considérée comme un accessoire, elle était respectée, avait des droits, et surtout elle était celle qui engendre la vie.
En omettant, en toute connaissance, d’indiquer que dans l’écriture hiéroglyphique l’existence d’un déterminatif, qui ne se prononce pas, mais qui accompagne chaque substantif n’est pas totalement innocent. Le déterminatif vient préciser ce dont on parle. Ainsi, la figuration d’une vache nous indique qu’il s’agit d’une vache, si l’on parle d’une femme le déterminatif figurera une femme assise ce qui ne se prête à aucune confusion.
Établir un rapprochement entre vache et femme témoigne d’un déficit éducatif auquel il est difficile de s’accoutumer, d’autant qu’il était possible de choisir d’autres exemples d’homophones moins provocateurs comme par exemple le mot « Hr » peut signifier par exemple la figure, le regard, donner, offrir, s’éloigner, le sacré, le divin, le cordage, sur, dans… C’est pourquoi le contexte est important et l’écriture peut être différente d’un mot à l’autre.
Notre chimiste aurait-il oublié que sa mère, qui l’a mis au monde, n’était pas une vache ?
Michel