Bonsoir Michel.
Parlons sophisme.
Pour le besoin de la suite, je nâuserai pas de la diffĂ©rence classique entre paralogisme et sophisme. NâĂ©tant point en mesure de sonder les Ăąmes pour y dĂ©celer les intentions, jâemploierai donc indiffĂ©remment chacun de ces termes pour dĂ©signer une erreur de logique. Je suivrai en cela lâusage de nombreux auteurs.
Mais avant, je voudrais dire un mot sur le lexique et son Ă©volution :
Les mots naissent le plus souvent pour dĂ©signer les rĂ©alitĂ©s prĂ©cises quâils dĂ©signent. Les rĂ©alitĂ©s changent, les mots restent. Ils visitent dâautres domaines et souvent sâĂ©loignent dĂ©finitivement de leur acceptation premiĂšre. Il leur arrive aussi de disparaĂźtre.
Ainsi si « anathĂšme » est Ă lâorigine un terme issu du langage religieux, il sâen est allĂ© explorer dâautres rivages, profanes ceux-lĂ . « AnathĂšme » est alors un vocable parmi dâautres pour dĂ©signer une vive rĂ©probation de quelque fait, idĂ©e ou personne⊠La connotation religieuse sâest, pour ainsi dire, Ă©vanouie. La vouloir faire renaĂźtre, quand le contexte ne sây prĂȘte pas, ressemble Ă une volonté⊠de jeter lâanathĂšme sur un usage du mot, si jâose le dire ainsi.
Venons-en, si tu veux bien, aux sophismes. Dans lâintervention oĂč jâĂ©voquais tes procĂ©dĂ©s rhĂ©toriques, jâavais initialement incorporĂ© lâensemble des sophismes dont tu avais fait usage pour rĂ©pondre Ă mon propos. Le but Ă©tant de rester aimable et courtois, jâai dĂ©cidĂ© de ne pas les y inclure.
Je vais cependant, ici, te présenter le dernier sophisme dont tu fais usage pour « contrer » mon propos.
Tu Ă©cris :
«
Et encore une fois, trÚs sereinement, sans vouloir faire de la provocation, tu ne fais pas la distinction entre la chimie organique et la biochimie moléculaire. »
Ai-je suggĂ©rĂ© cela quand jâai Ă©cris : «
[âŠ] les uns ou les autres dont la spĂ©cialitĂ© ne permet pas dâĂ©crire la moindre Ă©quation issue de la chimie organique. » ? Câest ce que nous allons voir.
La langue française, si elle est trĂšs riche dans son lexique, ne lâest pas moins dans sa grammaire et ses tournures stylistiques. Aussi, pour extraire dâun Ă©noncĂ© la structure logique, est-il nĂ©cessaire de simplifier, reformuler, expliciter l'implicite afin de pouvoir utiliser la logique propositionnelle. Voici comment peut se traduire mon Ă©noncĂ© :
p : je sais Ă©crire une Ă©quation de chimie organique.
q : ma spécialité est la biochimie moléculaire.
La négation de chacune de ces propositions, qui porte sur le prédicat « est », est :
non p : je ne sais pas Ă©crire une Ă©quation de chimie organique.
non q : ma spĂ©cialitĂ© nâest pas la biochimie molĂ©culaire.
La seule chose que jâaffirme, câest
si non p, alors non q (conditionnel)
proposition Ă©quivalente Ă
si q, alors p
câest Ă dire :
si ma spécialité est la biochimie moléculaire, alors je sais écrire une équation de chimie organique.
Et pas du tout :
Si q, alors p et si p alors q (Ă©quivalence)
De laquelle tu déduis que je confondrais (ne pas distinguer) chimie organique et biochimie.
Il sâagit bien lĂ de ta part dâune erreur de logique sous deux aspects :
1) Un paralogisme formel (non exprimé, sans doute, mais étape nécessaire nécessaire pour exprimer le paralogisme non formel suivant)
2) Un paralogisme non formel (exprimé) dit de
généralisation hùtive.
La proposition p est juste un exemple. Jâaurais trĂšs bien pu remplacer chimie « organique » par chimie « minĂ©rale » ou « chimie » tout court ; ou donner un exemple de rĂ©action, comme lâoxydo-rĂ©duction. Dans un autre domaine, câest comme si je disais que lâon ne peut sĂ©rieusement envisager lâĂ©tude des probabilitĂ©s sans savoir rĂ©soudre une Ă©quation algĂ©brique du second degrĂ©.
Je voudrais te rassurer Ă©galement sur la nature de ma comprĂ©hension, fĂ»t-elle sommaire, des domaines du savoir impliquĂ©s, en te proposant une dĂ©finition et un extrait dâune table des matiĂšres dâun ouvrage :
1) DĂ©finition :
Biochemistry is the study of the chemicals, chemical reactions and chemical interactions that take place in living organisms. Biochemistry and organic chemistry are closely related, as in medicinal chemistry or neurochemistry. Biochemistry is also associated with molecular biology and genetics.
https://en.wikipedia.org/wiki/Chemistry
2) Les dĂ©finitions valant ce quâelles valent, voici un extrait de la table des matiĂšres de lâouvrage de
Jacques-Paul Borel
Alain Randoux
François-Xavier Maquart
Christian Le Peuch
Jacques Vaeyre
Biochimie dynamique, 1987, Ăditions Maloine DĂ©carie
Chapitre 6 - Principaux types de molécules présentes dans les organismes vivants
601 but du chapitre
610
les diffĂ©rents Ă©tats des molĂ©cules des ĂȘtres vivants
620
les molécules minérales
621 métalloïdes et métaux
622 cas particulier du carbone
623 place des mĂ©taux chez les ĂȘtres vivants
624 place des mĂ©talloĂŻdes chez les ĂȘtres vivants
630
les molécules organiques
631 principales fonctions en chimie organique
631a squelette carboné
631b fonctions oxygénées
631c les composés organiques contenant du soufre
631f nomenclature en Chimie organique et en Biochimie
632 les principaux types de molécules biologiques : glucides, lipides, protides
633 biocatalyseurs : enzymes et vitamines
634 les hormones et lâintĂ©gration des activitĂ©s cellulaires dans lâorganisme
640
disposition des molĂ©cules dans les ĂȘtres vivants
641 lâintĂ©rieur et lâextĂ©rieur dâun organisme
642 ce qui gouverne le comportement des molĂ©cules vivantes : lâauto-associabilitĂ©
643 molécules du milieu extra cellulaire
643a les plasma sanguin
643b le tissu conjonctif
644 distribution des molécules dans les cellules
645 déplacement des molécules
650
mode de description des molĂ©cules des ĂȘtres vivants
651 molécules minérales
652 molécules organiques
Comme chacun peut le constater, la chimie organique y apparaĂźt en bonne place (tout comme la chimie minĂ©rale, dâailleurs).
Revenons, à présent à la question du fil qui est :
Le matĂ©riel gĂ©nĂ©tique des virus peut-il sâintĂ©grer dans notre ADN ?
DâaprĂšs ce que je comprends des captures dâĂ©cran que tu as postĂ©es sur ton billet (jâuserai pour ce faire dâun langage volontairement Ă©loignĂ© du jargon de la discipline) :
HC parle dâinjection. Ce que je comprends par
vaccin Ă ARNm.
HC parle de « non reconnue comme Ă©trangĂšre ». Il sâagit de toute Ă©vidence dâun raccourci de langage pour signifier que la sĂ©quence dâARNm codant la protĂ©ine spike est « masquĂ©e » pour ne pas ĂȘtre reconnue et dĂ©truite par le systĂšme immunitaire avant quâelle nâait eu le temps de pĂ©nĂ©trer dans nos cellules, afin que ces derniĂšres puissent « fabriquer » de nombreux exemplaires de la-dite protĂ©ine, qui « diffusant » dans lâorganisme, entraĂźneront celui-ci à « reconnaĂźtre » ce corps Ă©tranger et à « lâĂ©liminer ».
HC dit : « rentrer son code chez vous ». Le code gĂ©nĂ©tique (ou information gĂ©nĂ©tique), diffĂšre du matĂ©riel gĂ©nĂ©tique de la mĂȘme façon que le software diffĂšre du hardware en ce que le second est le support physique du premier. HC ne dit nullement que lâARNm va intĂ©grĂ© le gĂ©nome, mais quâil va (dĂ©crit-elle, par ce terme « va », un processus probabiliste ? C'est ambigu, je le reconnais volontiers) y intĂ©grer son code (par un mĂ©canisme que tu as bien dĂ©crit).
Je nâai pas Ă©coutĂ© la vidĂ©o dans son entier (je n'ai pas le lien), mais les Ă©lĂ©ments que tu a postĂ©s montrent des maladresses (ou erreurs, si tu prĂ©fĂšres) langagiĂšres qui prouvent, une fois nâest pas coutume, que lâon ne sâimprovise pas vulgarisateur et quâil est nĂ©cessaire, pour bien faire les choses, dâavoir disons⊠du talent. Pour le dire autrement, si je devais expliquer rapidement Ă un public de non-physiciens, en un temps trĂšs bref et sans avoir eu le temps de prĂ©parer le sujet, la cĂ©lĂšbre Ă©quation E = mC^2, je dirais certainement des Ă©normitĂ©s que les spĂ©cialistes de la RelativitĂ© tarderaient pas Ă relever. Câest pour cela que jâai Ă©cris «
la vulgarisation, câest bien, les Ă©quations, câest mieux » : un scientifique est souvent bien plus Ă lâaise avec ses Ă©quations que face Ă un public de bĂ©otiens pour parler des objets que sa discipline explore.
Bonne soirée.
P.S. Câest la derniĂšre fois que jâinterviens sur ce sujet.